Ils font autrement : Benjamin, "le paysan de famille"

Publié le par Jo404

paysan-de-famille-25954123-jpeg_preview_large.jpgPublié le 01/11/2010

 

Ecole, argent, justice, écologie, retraite, énergie, travail, économie… des hommes et des femmes proposent d’autres façons de faire, empruntent d’autres voies, inventent des solutions. Tous les quinze jours, Nouvelobs.com se propose d’explorer ces initiatives. Cinquième volet, avec un jeune maraîcher, qui a trouvé comment vivre de la terre.




Benjamin Chiquet a 24 ans et une passion, la terre. A Goussonville dans les Yvelines, il a pu se lancer dans l'agriculture "saine et diversifiée" grâce à un partenariat avec 30 familles.


 

A Goussonville dans les Yvelines, un jeune agriculteur a monté sa ferme grâce à un partenariat avec 30 familles.

Benjamin Chiquet a 24 ans et une passion, la terre. Mais comment s’installer quand on est jeune, que l’on a peu de moyens et quand nombre d’agriculteurs aujourd’hui ne s’en sortent plus ? Sa principale difficulté était de se créer son propre cadre qui réponde à son désir de faire de l’agriculture “ saine et diversifiée ” et en même temps que son exploitation soit viable. Cette année, il a monté une AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) à Goussonville dans les Yvelines, la Ferme Le Village, “ dont l’objet principal est de créer un partenariat entre un producteur et des consommateurs “.

 

Pas d’intermédiaires, pas de perte de temps

Qu’est-ce qu’une AMAP ? Une structure qui permet de créer un lien direct entre le paysan et les consommateurs. Ces derniers s'engagent à acheter la production de l’année à un prix équitable et en payant par avance. De son côté, le paysan s’engage à produire de manière saine (respectueuse du sol et de l’environnement) des produits de saison. Le prix du panier, récupéré chaque semaine par le consommateur, correspond aux charges réelles de l’exploitation. Ce prix permet au producteur de couvrir ses frais de production et de dégager un revenu décent, tout en étant abordable par le consommateur.

Pas d’intermédiaires, pas de perte de temps à chercher des filières de distribution. “ Quand tu es maraîcher classique, tu passes 60% de ton temps à démarcher, faire les marchés, passer les commandes, négocier les prix quand tu travailles avec Carrefour ou Auchan, explique Benjamin Chiquet. Vu que la marchandise est écoulée à l’avance, je n’ai plus le souci de la commercialisation et moi je passe ce temps à la diversité (17 variétés de tomates, 5 de pommes de terre, 13 de courges et de choux, etc.), de façon à avoir différentes saveurs, différentes couleurs, différentes semences… ”

 

Un partenariat avec 30 familles

Cette année, sa première année, Benjamin produit de la nourriture pour 30 familles, “ l’année prochaine, je vais passer à 40 ”, dit-il. En avril dernier, après une réunion d’information, ils ont signé un contrat s‘engageant pour un an et déposé leurs chèques. “La part de récolte a été fixée à 1250 euros sur l'année  pour 45 semaines de distribution (le panier de base contenant de quoi nourrir 2 adultes et 2 enfants pendant une semaine). “

“ En amont de tout ça, en février, j’ai donc tout planté et semé pour 30 familles. ” Pour l’instant, il cultive 2 ha sur les 4ha de son exploitation, 2000m2 de serre et 1,8ha de plein champs (maraîchage et verger). Les consommateurs, « ou co-récoltant » comme préfère les appeler Benjamin, viennent l’aider au désherbage ou au ramassage.

“ C’est un lien très particulier qui s’instaure entre nous. Au Canada, au même titre que l’on parle du médecin de famille, ils appellent le producteur amapien, le paysan de famille“, sourit ce jeune agriculteur fier d’assurer le rôle de nourricier.

 

La passion de la terre

Petit, Benjamin passait ses vacances dans le Jura et son temps dans la ferme du producteur de lait, voisin de ces grands parents. A 12 ans, c’était décidé, il reprendrait l‘exploitation du Jura. “ Mais en grandissant, je me suis vite rendu compte que ce système économique n’était pas viable car fortement subventionné. Si les subventions disparaissent, tu meurs ! ” Ensuite, “ parce qu’il fallait faire des études ”, il passe trois ans dans une école d’ingénieur en biologie industrielle. “ On y apprenait les OGM, la formulation de vaccins, de médicaments, etc. En troisième année, j’en ai eu marre. ”

La rencontre en 2007 avec Daniel et Denise Vuillon, initiateurs des AMAP en France va marquer un tournant pour Benjamin. “ Je décide, avec leur accord, de faire un an dans leur ferme les Olivades car je ne connaissais rien au maraîchage. Cela m’a permis d’acquérir les bases du métier et de m’imprégner du concept des AMAP, raconte Benjamin. Puis un petit séjour dans une ferme en pleine jungle au sud de Kajang, en Malaisie, m’a permis de voir les techniques de cultures sans machine et les techniques de compost ancestral. ” De retour en France, il entame la mise en place de sa ferme et choisi de s’installer à Goussonvile où habitent ses parents. Ces derniers cherchaient un producteur pour créer une AMAP. Ce sera lui.

 

Personne n’a le pouvoir sur l’autre

De son séjour aux Olivades, Benjamin a réalisé qu’un autre système d’organisation pour les prises de décision était nécessaire. “ Chaque week-end, avec Daniel et Denise j’allais dans différentes Amaps et je remarquais un souci récurrent de prise de décision. Souvent des conflits réapparaissaient quelques mois plus tard, après un choix à la majorité. Ou d’autres fois, le groupe de consommateurs prenait des décisions sans prendre en compte le producteur, et inversement, se souvient Benjamin. J’ai décidé d’expérimenter avec l’aide de mon père, Bernard-Marie, expert en mode de gouvernance, un nouveau système, s’inspirant de la sociocratie, allant dans le sens des fondamentaux des AMAP: l’équivalence ! ” Un partenariat fondé sur le consentement, où les objections de chacun sont examinées, discutées et où personne n’a le pouvoir sur l’autre, en quelque sorte. "Un système qui favorise la communication et la collaboration entre nous."

(...)

 

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Publié dans Revue du Web

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